AUTO-ENTREPRENEUR

Emmanuelle Dupont – Conseillère organisation et image

Comment décris tu ton activité et depuis combien de temps l’exerces-tu ?

Mon activité est multiple.

Je suis conseillère en entreprise au niveau de l’organisation et de l’image. Je propose des remplacements auprès de gérants de boutiques de prêt à porter et accessoires. Je suis également conseillère en image auprès du particulier et des entreprises. Enfin j’interviens auprès des écoles de commerce notamment pour sensibiliser les étudiants sur l’image et le look à adopter en entreprise.

J’ai lancé l’activité en janvier 2017.

Quand as tu choisi cette activité ?

L’activité de remplacement de gérants de boutique cela doit faire environ un an. Cela m’est venu une nuit, je ne sais pas ce qui a été le déclencheur, ni comment est venue cette idée. Je savais que je voulais une activité en rapport avec le vêtement.

En revanche la partie coaching et conseil en image s’est imposée au cours de la formation que j’ai faite en décembre 2016. J’ai entrepris cette formation de conseil en image pour me légitimer auprès des gérantes de boutiques car je n’ai pas d’expérience de vente dans ce domaine, je recherchais donc un aspect technique. Je souhaite véritablement conseiller et apporter des conseils par rapport au teint, à la morphologie, passer du temps avec le client. J’ai découvert au fil de la formation que cela pouvait m’apporter d’autres opportunités professionnelles qui de plus seraient peut être rentables plus rapidement.

Tu travailles en indépendante, quel est ton statut exactement ?

Je me suis inscrite en tant qu’auto-entrepreneur.

Ce n’est pas un statut que j’affectionne particulièrement. Au départ j’envisageais l’EURL, j’ai été gérante de SARL, je sais comment ça fonctionne donc j’allais sur un terrain connu.

Juste pour mieux comprendre ton parcours, peux-tu nous parler de cette précédente expérience ?

J’ai créé et géré pendant 7 ans une entreprise d’aménagement de véhicules utilitaires, avec une équipe de 5 personnes. J’ai choisi de la revendre en pleine croissance parce que je voulais changer d’activité mais également parce que je ne suis pas une développeuse, je suis plutôt dans la création. Développer mon entreprise me demandait beaucoup d’énergie et de courage que je ne pensais pas avoir.

J’ai du courage et de l’énergie, mais pour créer. L’avantage de cette nouvelle activité est qu’elle est multiple et me permet d’être toujours dans le nouveau, dans le projet.

Si tu envisageais l’EURL, pourquoi ce choix d’auto-entrepreneur ?

J’ai fait ce choix parce qu’au niveau du chiffre d’affaires je ne sais pas où je vais. Et puis je n’ai pas beaucoup de charges, je propose une prestation de services donc je n’ai pas d’achat de matériel par exemple. L’auto-entrepreneur correspondait de façon plus simple à ce début d’activité surtout si elle ne fonctionne pas, arrêter une EURL est plus compliqué et couteux.

Donc je serai auto-entrepreneur dans un premier temps et j’espère vraiment basculer sur un statut EURL ensuite en fonction du développement de l’activité.

Quelles sont les raisons qui t’ont poussée à franchir le pas de l’indépendance, pourquoi ne pas avoir choisi d’intégrer une agence de relooking, ou de t’associer ?

Quand on a gouté à l’indépendance… moi c’est un statut qui me va très bien. Associée non parce que j’ai eu une très mauvaise expérience donc c’est terminé et je n’encouragerais personne à s’associer. En fait ce que j’apprécie aussi c’est que je n’ai de comptes à rendre qu’à moi-même. Si je veux bosser je bosse, si je n’ai pas envie de bosser je ne bosse pas et personne ne me dira rien. Pour moi, ça c’est le luxe. Et je peux m’offrir ce luxe là.

Quels sont pour toi les avantages de ce statut d’auto-entrepreneur, est-ce entre autre parce que c’était simple à lancer ?

Pas dans un premier temps, parce que j’ai trouvé que c’était assez compliqué au contraire, je m’y suis reprise à quatre fois. Sur le site internet certaines questions sont complexes même pour une gérante comme moi, des questions relatives à l’impôt par exemple, si je n’avais pas été aidée je n’aurais pas su quoi répondre. J’ai donc fait appel à mon expert comptable et j’ai rappelé l’URSSAFF pour m’assurer que mon dossier était complet et enregistré.

L’avantage du statut d’auto-entrepreneur pour moi c’est de pouvoir tester l’activité et puis je suis bénéficiaire de l’ACRE en tant que demandeur d’emploi. C’est l’Aide à la Création et à la Reprise d’Entreprise. Cette aide m’offre une réduction de charge très intéressante la première année d’activité. Par exemple, quand tu es auto-entrepreneur tu déclares ton chiffre d’affaires et tu es chargé à 22,8%. L’ACRE te permet de n’avoir que 3 ou 4 % de charges la première année, un peu plus la seconde année et au bout de la troisième année tu rejoins le niveau des 22,8%. Donc le risque est encore moins important en étant auto-entrepreneur. Cela va me laisser un an ou plus pour voir comment évolue l’activité.

Le statut d’auto-entrepreneur me permet également de démarrer immédiatement. En EURL il faut attendre la régularisation des démarches administratives.

L’EURL m’intéressait parce que les charges, de formation, transport, repas, peuvent être intégrées et mises en déduction du résultat. J’avais cette habitude de travail.

Tu as dit souhaiter l’évolution du statut vers celui d’EURL, dans quel objectif, recruter si l’activité est importante ?

Ce n’est pas du tout un objectif car avoir des salariés c’est devoir rendre des comptes : fournir du travail, assurer les salaires, assumer les charges supplémentaires… pour moi c’est rendre des comptes et donc perdre ce confort que je souhaite aujourd’hui.

Fais-tu appel à des prestataires pour t’accompagner en tant que responsable d’entreprise ?

Oui, mon expert comptable qui m’a aidée dans la précédente entreprise et qui m’aide dans ce nouveau projet.

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Il m’a aidée pour gérer l’inscription mais il m’a aussi conseillée sur le choix du statut, sur les avantages et inconvénients des statuts en fonction du chiffre d’affaires.

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J’étais également allée voir les banquiers mais je n’ai pas trouvé d’intérêt dans leur approche. Ce qui les intéressent c’est de vendre leurs comptes bancaires et services. Je les ai démarchés pour voir quelles connaissances supplémentaires ils pouvaient m’apporter mais finalement, sans prétention, j’en savais presque plus qu’eux, je m’étais suffisamment renseignée.

J’ai également contacté Pole Emploi et ce sont eux qui m’ont informée sur l’ACRE, ils ont été assez à l’écoute.

Parlons à présent de communication.

Au lancement de ton activité comment as-tu communiqué, quels outils as-tu utilisé, mis en place ?

J’ai créé une carte de visite sur vista sprint. Je suis en réflexion pour un logo ou pas parce que je ne vais pas communiquer par le logo c’est moi qui vais communiquer, mon visage, ma personnalité.

Je me suis inscrite sur Linkedin mais il faut que je travaille la présentation pour parler des trois dimensions de mon activité.

Et puis actuellement je réfléchis pour réaliser au moins deux flyers. L’un à déposer aux écoles de commerce, pour intervenir auprès des jeunes. Et le second pour proposer du conseil en image auprès de particuliers, un flyer que je pourrais laisser chez les coiffeurs et esthéticiennes.

J’ai parlé de cette activité à mon esthéticienne et à ma coiffeuse pour que l’on puisse faire une action toutes les trois. Mettre en place des évènements simples pour des particuliers c’est immédiatement rémunérateur contrairement aux entreprises ou le travail d’approche est plus long.

Enfin, comme je suis jury d’examen dans des écoles je vais pouvoir présenter ma démarche.

Ton activité s’appelle BOOST’EM, qui a créé ce nom ?

C’est moi. Au départ je n’avais pas d’idée. J’ai envoyé un mail à mon réseau pour annoncer la création d’une société, je n’avais pas d’idée, une copine m’avait parlé de « boost » et puis EM pour les premières lettres d’Emmanuelle.

As-tu fait de la publicité dans la presse écrite ou sur des sites spécialisés ? 

Je n’ai pas fait de publicité en revanche, j’ai publié un article lié à l’image sur Linkedin.

Je me pose la question du compte Facebook, je ne sais pas si ça peut être utile ou pas.

Sinon je fais partie de la CGPME mais je n’ai pas cherché d’aide auprès de ce réseau.

Dans mon précédent poste de gérante j’étais membre de deux réseaux. BNI qui est un réseau d’affaires qui pour moi n’a pas été fructueux. Et les DCF qui est plutôt lié à la fonction commerciale, j’ai adhéré pendant 4 ans, je me suis ressourcée et j’ai appris sur la fonction commerciale mais je ne souhaite pas renouveler pour cette nouvelle activité. En revanche, j’ai réactivé ce réseau pour proposer une présentation du conseil en image, et l’idée d’organiser un petit déjeuner auprès des adhérents intéressés va s’organiser.

As-tu déjà des retombées suite à ce que tu as mis en place ?

Une première proposition pour le remplacement de la gérante d’une boutique, j’ai eu ce contact via mon réseau personnel et il y en a une autre à venir toujours via mon réseau personnel.

Et depuis vendredi dernier, j’ai eu l’accord pour être en renfort dans une boutique samedi prochain (1er samedi des soldes).

Ce site s’appelle Eccéité, qu’est ce qui définit ton eccéité, ta singularité ? La tienne ou celle de ton entreprise ?

Mon expérience qui est très liée sur la relation commerciale et la relation client. Dans toute ma carrière j’ai eu cette fonction de relation client quel que soit le travail que j’ai fait, et c’est quelque chose qui me nourrit et qu’il me faut impérativement.

Ensuite, il y a ma personnalité, mon identité qui font, je pense, que les gens se souviennent de moi. Les cheveux courts, les lunettes…

Aujourd’hui quels sont tes projets ?

Mettre en forme ma formation pour pouvoir me l’approprier pleinement.

Prendre contact avec des boutiques après la période de solde de janvier.

Prendre contact également avec les écoles pour pouvoir intégrer une journée relooking dans leurs processus de formation.

Activer le réseau…

Où exerces-tu ton activité ?

Chez moi, je vais m’aménager un bureau et je ne pense pas que cela changera.

Au départ de ton projet tu avais une idée d’activité qui finalement évolue et se diversifie, ta cible a évolué avec ton projet ?

Ma cible a évolué par nécessité, pour pouvoir être rémunérée plus vite. Je suis bénéficiaire des Assedic jusqu’au mois d’avril, à cette date je dois donc avoir une activité rémunératrice.

Avant de te lancer, quelles étaient tes appréhensions ?

L’activité de remplacement de gérante de boutique existe mais elle n’est pas juridiquement reconnue. C’est à dire que certaines gérantes de boutique font appel à la famille, ce sont des prestations qui ne sont pas cadrées, ni liées à un contrat et ne sont pas fournies par des professionnels. En revanche, sur La Baule par exemple plusieurs personnes exercent cette activité mais plutôt à des postes de vendeuses. Moi je souhaite remplacer des chefs d’entreprise : on me confie les clés et je sais quoi en faire.

L’appréhension, c’est de capter l’attention de ces gérant(es) et qu’ils(elles) puissent avoir rapidement confiance en moi. Cela implique passer du temps avec eux, leur parler le même langage. Je sais que c’est payant, car quand j’ai eu des clients chefs d’entreprise par le passé, ça connectait tout de suite : on a les mêmes contraintes, les mêmes enjeux, les mêmes emmerdes.

As-tu rencontré des difficultés et si oui lesquelles ?

Ma difficulté va être dans la communication. J’ai l’idée de faire une vidéo mais techniquement ce n’est pas simple car je ne suis pas équipée, je dois faire mes flyers… toute cette mise en place va prendre du temps et me coûter un peu, c’est un passage obligé, j’en suis consciente mais ce n’est pas là où moi je vais prendre le plus de plaisir.

Je vais devoir faire beaucoup par moi même et puis je vais faire appel à des relations.

(ndlr : à ce moment de l'interview, le regard et le sourire d'Emmanuelle laissent peu de doute quand à l'identité des "relations". Nous allons travailler ensemble sur sa communication, je reviendrais vous en parler. Vous aussi, contactez-moi !)

Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer ?

Il faut y aller, il faut se donner les moyens. Faire une étude de marché pour voir si le projet est viable. Quand on démarre il y a la partie « rêve » et à un moment donné il faut aller dans la réalité. Beaucoup de personnes restent dans la partie « rêve » très longtemps et aller dans la réalité c’est se confronter avec ce qui se passe vraiment sur le terrain et là il peut y avoir des surprises.

Quelque chose que tu aimerais ajouter ?

Quand on est sur un projet professionnel de lancement d’activité, il faut, c’est une nécessité, que nos proches ou au moins notre conjoint nous suivent sur ce terrain. Parce qu’au delà d’être un projet perso, c’est un projet de couple et de vie et c’est 50% des cas d’échecs si le conjoint n’adhère pas à ce projet là. Il n’est pas obligé d’y travailler, mais il est indispensable d’avoir son soutien et si possible celui de ses amis et de sa famille. Parce que quand vous aurez des emmerdes, on saura vous dire « tu vois je te l’avais dit » et si il y a une réussite vous n’aurez pas plus de louanges que ça.

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La première difficulté c’est effectivement d’annoncer à ses proches : « voilà, j’ai ce projet là » et de voir leur réaction. Puis demander leur soutien pourquoi pas.

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Cela veut dire en parler en amont ? Avant d’avoir pris soi-même la décision de se lancer ?

Je ne sais pas parce que moi profondément toute petite je savais que j’allais avoir quelque chose à moi à un moment donné. Je viens d’une famille d’entrepreneurs donc ça paraissait presque naturel. Ça dépend aussi du milieu duquel on vient et de sa relation avec les autres mais le conjoint a sa part dans ce projet là. S’il n’est pas partie prenante, pour moi c’est risqué parce qu’à la moindre difficulté vous n’aurez pas le soutien dont vous avez besoin à ce moment là. C’est fondamental.

Emmanuelle Dupont

BOOST’EM

 

 

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