SARL

Anne-Lise Potet & Marion Legrand – Libraires

Depuis combien de temps êtes-vous libraires ?

Anne-Lise : ça fait 10 ans. Et nous sommes installées ici depuis 2 ans ½.

Marion : 14 ans oulala ça passe !

Quand avez-vous choisi exactement cette activité ?

Anne-Lise : c’était mon premier souhait, j’ai fait un bac économie, j’avais le désir d’être libraire et j’ai découvert une filière peu connue : les métiers du livre. Il y a peu d’IUT qui la proposent en France, j’ai fait 2 ans d’IUT à Bordeaux, c’est une formation assez technique avec des stages puis ensuite le marché du travail. Pour le métier de libraire le marché est très pauvre, quand on a une place aujourd’hui on la garde, j’ai trouvé un poste en espace culturel j’ai vite eu l’impression de ne pas faire mon travail, le fait de ne pas laisser suffisamment de temps au livre dans les grandes surfaces. Donc très vite j’ai eu l’envie d’avoir ma propre librairie, d’abord en Roumanie, j’ai fait un peu de prospection dans ce sens mais j’étais très jeune et cela n’a pas abouti. Et puis j’ai rencontré Marion.

Marion : j’ai fait 4 ans d’études de droit et à la fin de mes études je n’arrivais pas à me projeter. Beaucoup de choses avaient changé dans ma vie et en discutant avec des copines qui savaient que je lisais beaucoup elles m’ont dit « mais pourquoi tu n’as pas fait d’études pour devenir bibliothécaire ? ». C’était l’idée de départ et en fait je ne m’étais jamais posé la question parce que tout c’était fait très vite. Alors je me suis renseignée, j’ai découvert qu’il existait des formations en métier du livre et j’ai fait un dossier de candidature. A partir du moment ou j’ai passé le concours je ne voyais absolument plus ce que je pouvais faire d’autre, il fallait absolument que je sois sélectionnée et je l’ai été. J’ai intégré l’IUP des métiers du livre de Grenoble, ce n’était pas simple parce que beaucoup venaient déjà des métiers du livre, je me suis accrochée et puis c’était devenu une évidence je ne pouvais rien faire d’autre. Au départ mon objectif était de travailler plutôt en bibliothèque et puis à la fin de mes études j’ai souhaité faire un stage en librairie, pour avoir une deuxième corde à mon arc au cas ou je n’aurais pas le concours. J’ai encore plus aimé l’expérience en librairie, j’ai été embauchée à la fin de mon stage et je suis restée 3 ans dans cette librairie. Ensuite il n’a plus été question de faire autre chose, c’était vraiment la librairie qui m’intéressait. Je n’avais pas envie de travailler dans l’édition. J’avais envie de lire et de transmettre aux autres, notamment aux enfants parce que j’ai fait une formation avec une spécialisation jeunesse et là ça a été une complète révélation. Ensuite j’ai enchaîné les postes dans différentes structures jusqu’à arriver à Nantes, travailler en Espace culturel et rencontrer Anne-Lise.

Quel est votre statut exact ?

Anne-Lise : la librairie est une SARL et Marion et moi sommes co-gérantes.

Quelles sont les raisons qui vous ont poussé à franchir le pas de l’indépendance ?

Anne-Lise : dans les différentes librairies dans lesquelles nous avons travaillé précédemment on ne pouvait pas exercer notre métier avec la liberté que l’on souhaitait, avec la couleur suffisamment forte que l’on souhaitait. Je pense que nous sommes toutes les deux de caractères assez indépendants et assez leader et ce projet nous travaillait depuis longtemps. C’est la rencontre amicale très forte et le fait d’être complémentaires qui a déclenché le projet, Marion étant davantage spécialisée pour le public jeunesse et moi pour le public adulte. C’était donc assez évident de se dire que nous étions complémentaires pour ouvrir une librairie généraliste indépendante.

Marion : l’indépendance ça a toujours été un rêve mais au départ il n’en était pas question. Je ne m’en sentais pas les épaules même si j’y pensais quand même, ça fait partie de ces petits rêves que l’on garde dans un coin de la tête.

Un jour ça devient possible, le bagage est suffisant pour se lancer. Et puis avec Anne-lise un soir au resto on s’est dit « ce serait quand même une super bonne idée de le faire ensemble ».

Je pense que l’une comme l’autre on n’avait pas envie de le faire seule, c’était compliqué toute seule et à deux ça fonctionnait. Donc ensuite on a tout fait pour pouvoir monter ce projet.

L’une et l’autre vous aviez depuis toujours un désir d’entreprenariat ?

Anne-Lise : depuis que j’ai découvert le métier de Libraire en fait et je pense que c’est pareil pour Marion. Le moteur c’est la liberté que permet ce métier et donc l’envie de l’explorer au maximum, de façon personnelle.

Marion : je pense que cela tient aussi à nos caractères, on se rend compte qu’on a quand même du mal à travailler avec un patron…

Anne-Lise : c’est aussi une histoire de vie et d’éducation, puisqu’on s’est faites toutes seules on est habituées à cela, on continue parce qu’on ne connaît que ça donc ça nous paraît naturel. Et c’est aussi ce qui aide à tenir. Je disais que la journée de travail ne ressemble pas toujours à ce que l’on pense du métier de libraire, alors se dire « de toute façon je ne pourrais pas travailler autrement » ça aide à tenir pour faire les taches les moins intéressantes.

Comment êtes vous arrivées à Vertou ?

Marion : on a fait une étude de marché.

Anne-lise : on a mis deux ans à monter le projet. On a mis du temps à faire l’étude de marché, on a essaimé toute l’agglomération nantaise. Dans l’idée d’être indépendantes il nous manquait une expérience pour gérer l’administratif. J’ai trouvé un poste dans une petite librairie à St Philbert où j’étais seule et je devais tout gérer et comme c’était des patrons qui avaient deux maisons de presse ensuite Marion m’a rejoint. Là on s’est rendue compte de la demande et du besoin de conseil et de qualité de service en agglomération nantaise. A l’origine du projet on avait pensé s’installer dans un quartier de Nantes et c’était intéressant mais finalement on s’en détournait doucement.

A Nantes il y a déjà de très belles librairies, en dignes héritières on peut aussi se dire que l’agglomération n’est pas obligée d’aller à Nantes pour trouver la qualité de conseil.

Marion : alors on a pris nos voitures et on a sillonné toutes les communes autour de Nantes.

On a étudié les jours de marché, la population, ce qui existait déjà, le pouvoir d’achat, … et on a retenu 2 communes, Couëron et Vertou sur lesquelles on a axé toute notre étude de marché et on l’a faite avec une école de commerce de Nantes. Et là très clairement le choix de Vertou s’est confirmé.

Anne-Lise : nous n’avons pas eu l’impression d’avoir beaucoup de choix. Deux co-gérantes avec la volonté d’être égalitaires, même si le 50/50 nous a été déconseillé parce qu’on n’est pas sensées s’entendre, ce schéma n’est pas sensé fonctionner donc on nous a conseillé un 49/49 plus un pacte d’associés pour nous départager au cas où. C’est ce que nous avons fait même si pour l’instant tout se passe bien et j’ai l’impression que c’est bien parti pour continuer. L’important pour nous était d’avoir la même part toutes les deux donc le seul statut juridique qui nous a été conseillé et sur lequel on s’est retrouvées c’est la SARL.

Est-ce que vous envisagez une évolution de ce statut ?

Anne-Lise : non.

Dans un premier temps on avait aussi imaginé une scop ou une association d’amis, de soutiens.

Parce qu’on s’était dit qu’on se ferait aider pour les animations. Et puis il y avait le modèle de La Très Petite Librairie à Clisson qui fonctionnait avec de nombreux bénévoles… et puis on se rend compte qu’on est bien toutes les deux pour prendre nos décisions.

Marion : oui et puis à partir du moment ou on a commencé à démarcher des professionnels du livre, ces histoires d’association ne leur plaisaient pas trop.

Anne-Lise : peut être pour eux une impression de décision plus difficile à prendre et peut être que ça leur convient moins.

Marion : c’étaient des réflexions au tout début du projet mais on a très vite abandonné l’idée.

Voyez vous des avantages à ce statut de SARL ?

Anne-Lise : je n’y vois pas d’inconvénient mais je ne connais pas bien les autres statuts.

Quels sont pour vous les avantages du statut d’indépendant ?

Anne-Lise : C’est une découverte qui est intéressante, qui n’a pas vraiment d’inconvénient à partir du moment où l’on fait ce choix. Et puis pour nous cela fait 2 ans ½ donc nous sommes encore ravies, encore sur notre nuage et pourvu que ça dure. Donc on n’y trouve pas vraiment d’inconvénient.

Anne-Lise : Après on découvre la réalité du poste, on est les seules sur qui tout repose et le métier de libraire c’est parfois 20% de nos semaines, le reste c’est la déchetterie pour tous les cartons, la comptabilité, la communication… il faut tout faire et on ne peut compter que sur nous.

Est ce que ça a été une découverte pour vous ou vous le saviez ?

Anne-Lise : on le savait mais pas à ce point là, avec des moments de fatigue qui sont liés à l’activité à certains moments de l’année, à nos situations personnelles parce que nous avons chacune des familles avec des enfants en bas âge alors à certains moments on n’a pas envie de faire de la comptabilité, d’être présente pour la déclaration de TVA, etc. Mais on n’a pas le choix et contrairement à un salarié cette découverte est plus violente parfois. Et c’est là que je conseille de s’installer à deux, c’est beaucoup plus léger, beaucoup plus agréable, on rigole, on partage tout et c’est beaucoup moins stressant. Et puis on laisse tranquille notre famille et c’est surtout dans ce sens ou nous nous voyons l’intérêt d’être à deux, c’est que l’on ne rentre pas le soir avec un lot de griefs à raconter. On rentre le soir on a déjà évacué tout cela avec la collègue, du coup nos maris, nos enfants sont à peu près tranquilles. Bon, moins à Noël parce que là on est un peu fatiguées… (rires)

Aujourd’hui vous travaillez 35 heures par semaine bien sur ?

Anne-Lise : Bien sur ! Le double on va dire ? Je ne sais pas parce qu’on ne compte pas. Le métier de libraire est très saisonnier. On fait les deux tiers de notre chiffre d’affaire entre début septembre et mi-janvier. Tout le reste de l’année il y a beaucoup de travail mais c’est aussi beaucoup plus calme. Donc le fait d’être deux nous ne sommes pas obligées d’assurer l’amplitude horaire du magasin à deux. Par exemple le jeudi l’une vient le matin l’autre l’après midi. Le samedi on peut partir un peu plut tôt. Ça c’est sur la période de l’année la plus calme, celle où on l’on va pouvoir faire 40 à 45 heures par semaine, là c’est cool !

Est ce que pour la création de votre entreprise et encore aujourd’hui vous faites appel à des prestataires pour vous accompagner, vous conseiller ?

Marion : On a été suivies par BGE, on a toujours un rendez-vous avec eux tous les 3 ou 4 mois pour faire un point. Mais on a besoin de tout décider seules donc ça nous aide pour confirmer nos décisions, pour nous offrir des outils et puis parce que ça fait du bien d’échanger. On a aussi un parrainage avec Nantes Initiatives qui vient aussi discuter, nous proposer des choses mais comme on est têtues sur 95% des choses on aime avoir la main.

Anne-Lise : BGE c’est un bureau de gestion des entreprises qui soutient les créateurs d’entreprises et propose de nombreux modules de formations pris en charge par Pôle Emploi, pour apprendre à faire une étude de marché par exemple et ensuite un accompagnement individuel.

Et pour la comptabilité ?

Anne-Lise : on gère notre compta et on a un expert comptable pour faire le bilan et nous encadrer si besoin.

Parlons à présent de communication.

Au lancement de votre activité comment avez-vous communiqué, quels outils avez-vous utilisé ?

Marion : on a ouvert une page Facebook en amont que l’on a alimenté au fur et à mesure des travaux pour commencer à donner l’envie aux gens. On s’était fait connaître aussi de toutes les collectivités alentours en annonçant l’ouverture et puis on a fait des flyers que nos amis ont distribué sur les marchés, dans les boites aux lettres… Et puis des annonces dans la presse.

Vous alimentez régulièrement Facebook ?

Anne-Lise : Pas autant qu’on le voudrait, ça dépend des périodes, mais c’est « notre » outil de communication, la page est ouverte depuis 3 ans et cela nous accompagne. On a publié des vidéos avant l’ouverture ou l’on voit Marion qui travaille chez elle, on a annoncé l’ouverture… c’est ce qui nous accompagne le plus facilement et de manière la moins onéreuse.

Marion : et puis de manière un peu rigolote. Il y a des gens qui nous attendaient. On a reçu très rapidement des petits mails des voisins qui nous disaient qu’ils étaient contents que ce soit une librairie qui ouvre. Nous on a continué à leur dire que les meubles arrivaient, qu’on venait de changer la moquette, qu’on avait les clés… c’était leur librairie qui allait ouvrir, leur petit endroit pour eux et le premier jour c’était incroyable ! On a vu les gens qui attendaient, à 16 heures après la sortie de l’école c’était plein, la queue à la caisse… les gens attendaient ça.

Vous avez joué sur l’effet d’annonce et vous l’avez entretenu, vous avez fait du teasing en fait ?

Anne-Lise : un peu et puis c’est l’activité très plaisante aussi qui a suscité l’intérêt, tous les gens qui sont passés dans les six premiers mois nous disaient « pour une fois que ce n’est pas une assurance, une banque ou des pompes funèbres ». Donc il y a eu l’effet « ah une librairie » et le coté familial a tout de suite fonctionné avec comme le dit Marion cette possibilité de s’approprier un endroit pour eux.

Marion : et un endroit facile et chaleureux, avec des libraires accessibles et sympas. Accessibles aussi parce qu’on est à proximité de tout, ouvrir en face d’une boulangerie c’est chouette parce que ça donne le message aux gens que c’est aussi facile d’acheter un Poche qu’une baguette.

Qu’est ce qui a fonctionné entre Facebook, les flyers, la presse ?

Anne-Lise : Les annonces sur Facebook, on l’a constaté dès le jour de l’ouverture.

Etes-vous membre de réseaux professionnels ?

Marion : On fait partie de l’Association des Librairies Indépendantes en Pays de la Loire et du Syndicat de la Librairie Française. Cela nous permet d’avoir des informations sur le métier et sur les grands enjeux, sur les problèmes qui sont récurrents et communs et puis ils peuvent nous proposer des formations.

Ce site s’appelle Eccéité, qu’est ce qui pour vous défini votre eccéité, votre singularité ? La votre ou celle de votre entreprise ?

Marion : je ne sais pas, on a un gros potentiel sympathie … (rires)

Anne-Lise : c’est également ce que je dirais et les gens nous le renvoient. Ce n’est pas grave si on fait tels et tels choix dans les catalogues, dans nos références de livres, mais cette façon d’accueillir qui que ce soit marche. Les gens ont envie de revenir. Et puis on connaît nos clients, on connaît leurs noms de famille, ils ont une carte de fidélité, on pense à eux, on se souvient de la mamie qui était là pendant les vacances, du petit fils qui vient de naître, on prend des nouvelles du papa qui était parti en vacances. Sans être cynique car on aime cette vie de quartier, on aime connaître les familles et voir les enfants grandir, on aime accompagner chaque tranche d’âge et tous les membres de la famille, c’est unique ! Il y a ce fait de bien aimer les gens.

Marion : on aime bien les gens et ils nous le rendent bien, on adore nos clients et c’est la clé de tout. Et les jours où on est fatiguées ou de plus mauvaise humeur on s’en veut après, on se dit qu’on n’a pas été au top, c’est pas chouette pour les gens.

Anne-Lise : notre singularité est là, on adore notre métier mais je pense qu’on aime les gens avant. Ce qui nous distingue toutes les deux c’est notre sens de l’accueil.

Marion : les gens le voient, on n’a pas une démarche commerçante. On dit aux gens si vous n’êtes pas sûr ne le prenez pas, on ne veut pas que vous rentriez chez vous déçu, peut être qu’aujourd’hui vous n’avez rien à prendre chez nous. Ils sentent qu’on n’est pas là pour pousser à la consommation, il y a quelque chose d’assez sain dans nos relations, on préfère conseiller un livre de poche à 4 euros qu’on a adoré plutôt qu’un bouquin à 28 euros qu’on a aimé tièdement et ça les gens le savent. Et puis ils peuvent revenir et le rendre, ils peuvent commander un livre sans être sûrs de l’acheter, ce n’est pas grave, on le garde. Et ça c’est ce qui fait qu’ils sont à l’aise de venir chez nous. Il n’y a pas de pression comme il peut y avoir parfois, il y a des gens qui ne mettent pas les pieds dans une librairie parce qu’ils se sentent jugés, parce qu’ils se sentent obligés d’acheter, parce qu’ils ont l’impression qu’ils ne vont pas être assez intelligents… alors nous on fait des blagues à deux balles.

Anne-Lise : ça décomplexe tout le monde ! (rires)

Avez-vous des projets ? Des petits, des grands, des moyens ?

Anne-Lise & Marion : plein !

Marion : on aimerait refaire l'éclairage, il est d’origine et ne suit pas nos choix de meubles.

Anne-Lise : de la décoration, un meuble de vitrine qui nous tient à cœur pour avoir un espace de rangement qui soit correct… Après des projets il y en a plein : de rencontres d’auteurs… Pour toute la partie liée au métier les projets sont constants, ça bouge tout le temps

Avant de vous lancer, quelles étaient vos appréhensions ?

Anne-Lise : que le projet ne marche pas, d’avoir fait toute cette préparation et mis toute cette énergie et de ne pas trouver de local. Une fois qu’il a été trouvé il a fallu être très patientes pour l’avoir et ensuite il y a eu la peur de ne pas y arriver, de ne pas avoir assez de monde…

Marion : l’avantage d’être deux, c’est qu’on avait des coups de mou mais pas en même temps, ça c’était bien.

Avez-vous rencontré des difficultés et si oui lesquelles ?

Marion : trouver le local. Il n’y avait pas de locaux disponibles dans le bourg, ça nous a beaucoup tracassé. Et puis pour ce local ici ça a été compliqué, il a fallu du temps.

Anne-Lise : et là encore on découvre, parce qu’on est seules, c’est nous qui devions donner confiance, mais là on s’est rendu compte qu’on passait dans un autre monde, on n’était plus libraires. Pendant tout le temps du montage du projet on n’était plus libraires on avait la casquette chef d’entreprise, trésorerie, bilan, … ce qui était très intéressant.

Marion : tout en étant deux femmes, jeunes.

Marion : on s’est plusieurs fois fait la remarque que si on avait été un homme de 45 ans avec un 4X4 et une grosse voix on ne nous aurait pas toujours traité comme ça…

Anne-Lise : certaines choses auraient été débloquées plus vite.

Marion : on sait ce qu’on veut mais on est assez gentilles et bien souvent on n’a pas assez fait peur, les gens prenaient les choses assez légèrement ou nous parlaient comme des papas…

Anne-Lise : ça c’était surtout du coté des institutions. Après très vite on a été soutenues par les banques, certaines choses se sont équilibrées et on a senti que le projet intéressait. On a rencontré trois banques les trois nous on donné leur accord. Le projet était viable parce qu’on avait travaillé pendant des mois, qu’on avait un dossier en béton soutenu par les banques alors que l’activité de la librairie traditionnelle aujourd’hui est tout sauf rassurante… donc il y avait des petites victoires.

Y-a-t-il quelque chose qui vous impressionnait, vous semblait difficile et qui finalement s’est révélé accessible, simple ?

Anne-Lise : à l’inverse plutôt, on s’était dit qu’on ferait notre compta et on ne s’était pas imaginé la masse de travail. Comme on avait eu plusieurs expériences dans différentes structures notre métier on le connaissait bien, forcément à certains moments on s’est demandé comment on allait maitriser nos achats etc. mais cela ne nous a jamais effrayé. En revanche ce que l’on a découvert de la compta...

Marion : on ne s’attendait pas du tout à avoir autant de travail. Et puis on a découvert petit à petit tout ce que l’on ne faisait pas… Mais c’est arrivé après, au début la seule appréhension c’était qu’on n’ait pas suffisamment de gens.

Anne-Lise : et donc que l’on n’arrive pas à vivre. Même sans être gourmandes il nous fallait un salaire à ramener à la maison. La première année on avait encore Pôle Emploi mais la deuxième année il fallait être rentable et ça c’était un vrai challenge.

Marion : parce qu’on a rencontré des libraires qui ne se paient pas et peuvent vivre comme ça parce que leur conjoint a un gros salaire mais nous il faut que ça marche il faut que l’on puisse mettre à manger sur la table le soir.

Anne-Lise : et puis on a la chance d’ouvrir une librairie dans une vie, pas deux, donc il fallait que ça marche tout de suite.

Marion : la peur c’était de voir deux clients par jour.

Anne-Lise : et tout le monde nous le disait. BGE par exemple, c’est normal, ils ont une démarche prudente. Quand on imaginait une fréquentation avec un panier moyen pour estimer un chiffre d’affaires, qui s’est réalisé dès la première année, on nous demandait de le revoir à la baisse pour avoir une démarche prudente, ne pas être déçues.

Marion : mais c’est compliqué d’estimer le nombre de gens qui vont rentrer dans votre boutique qui n’est pas ouverte…

Alors quels conseils donneriez-vous à quelqu’un qui souhaite se lancer ? Quelle que soit l’activité ou dans ce choix de libraire ?

Anne-Lise : pour se lancer tout court de c’est prendre du temps et de se faire confiance. Parce que c’est ce qu’on a fait, on a pris du temps pour tout préparer, tout vérifier. Et ce temps a été très bénéfique car quand on a ouvert on avait juste à accueillir les clients parce qu’on avait tout verrouillé ailleurs. Ça c’était très confortable, il n’y a pas eu d’état de panique.

Anne-Lise : et puis se faire confiance, prendre les bonnes infos, ne pas partir bille en tête et s’écouter intuitivement.

Pour ceux qui choisissent le métier de libraire le conseil c’est de connaître le métier et de ne pas se lancer en se disant que c’est chouette, c’est tendance on va lire un peu parce qu’on aime bien lire 3 albums jeunesse et un roman l’été (rires). Non ce n’est pas ça le métier de libraire, il faut le dire haut et fort ! C’est un métier qui est tendance, qui est très agréable mais il faut lire tout le temps, tout le temps, tout le temps. Il faut s’intéresser à tout tout le temps. En indépendant en tout cas, après salarié…

Marion : il ne faut pas s’en faire une fausse idée. L’image d’Epinal du mec qui lit dans sa boutique ça n’existe pas.

Quelque chose que vous aimeriez ajouter ?

Marion : pourvu que ça dure.

Anne-Lise : oui, c’est ça pourvu que ça dure, que ce ne soit que le début.

Marion : Et on le souhaite à tout monde, c’est une telle liberté, un tel bonheur d’être son propre maître chez soi et de pouvoir accompagner les gens comme on le souhaite, c’est vraiment bien.

Ça vaut le coup et le temps passé, peu importe en fait l’engagement et le temps que peut prendre son boulot quand on le fait avec plaisir, bonheur et de manière juste. Il n’y a rien de mieux au monde.

Anne-Lise : et puis ça marche. C’est peut être le fait d’être deux, mais ça marche, il ne faut pas se laisser influencer par des gens qui diront que c’est compliqué, qu’après on n’a plus de vie. Forcément que la vie sociale doit en prendre un coup, mais le bonheur que l’on a en face, on ne voit pas passer les semaines.

Anne-Lise : il ne faut pas se laisser avoir par les peurs des autres qui flippent du statut indépendant, il faut se faire confiance, c’est vraiment une chance.

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Au plaisir de vous lire.

 

Sophie Bonnet

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