Tu es ostéopathe exclusif, peux tu préciser ce que signifie « exclusif » ?
Cela vient en comparaison des médecins qui peuvent être également ostéopathes ainsi que les kinésithérapeutes, les sages-femmes… Moi je ne fais que de l’ostéopathie. Je le précise en début de consultation car certaines personnes peuvent penser s’adresser à un médecin et je ne le suis pas.
Depuis combien de temps es-tu ostéopathe ?
Depuis 2013. Après la formation qui a duré 5 ans j’ai fait différents remplacements dans des cabinets sur Challans ou Commequiers. J’ai ensuite ouvert mon cabinet en juillet 2014.
Quand as-tu choisi cette activité ?
J’ai passé une licence STAPS à la fac de sport de Nantes. A la base c’était pour devenir professeur d’EPS. Au cours de la formation je me suis fait une entorse fracture à la cheville et pendant la période de convalescence j’ai découvert les kinés et les ostéos. L'ostéopathie m’a intéressé parce qu’à la différence du kinésithérapeute qui si on a un problème de cheville va s’intéresser uniquement à la cheville, l’ostéopathe dans mon cas s’est occupé de comment avait réagi l'ensemble de mon corps. Il a analysé et ré-équilibré ma cheville bien sûr mais également mon bassin, mon dos, mes cervicales… C’est cette approche plus globale du corps humain qui m’a séduit et surtout sans l'utilisation de matériel ni de chimie de synthèse, uniquement par le diagnostic manuel et la palpation. L'idée de savoir que notre corps possède ses propres ressources pour se soigner et que l'acuité palpatoire de l'ostéopathe peut lever des tensions, des blocages entravant le bon fonctionnement du corps a aiguisé ma curiosité. Après il faut bien évidemment relativiser, notre champs de compétences s'adresse aux dysfonctionnements « fonctionnels » par opposition aux pathologies « organiques » qui nécessitent une prise en charge médicale, médicamenteuses ...
Est-ce que tu travailles en collaboration ou es-tu indépendant ?
Je suis seul en cabinet libéral. J’aurais pu travailler avec un ostéopathe, ça s’appelle de l’assistanat et cela signifie que tu bénéficies du cabinet (équipement, réputation) et de la patientèle d’un professionnel installé depuis un moment et qui a besoin de se libérer une journée ou deux par semaine par exemple. Il peut alors faire appel à un assistant pour le remplacer sur ces journées là. Dans ce cas, tu dois verser une rétrocession au praticien qui est généralement de l’ordre de 30% de ce que tu perçois, comme pour un remplacement.
Et puis il existe aussi la collaboration, les deux praticiens travaillent au même endroit, en ayant souvent monté le cabinet ensemble, sans cette relation de rétrocession, mais j’ai préféré me lancer.
Quelles sont les raisons qui t’ont poussé à franchir le pas de l’indépendance ?
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C’était un choix en début de carrière et un challenge parce que je voulais voir ce que j’arrivais à développer par moi-même.
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Je me suis installé sur un secteur ou j’avais déjà un certain réseau mais j’avais aussi de la concurrence donc c’était surtout par challenge. Après, la liberté d'être son propre patron m'a beaucoup attiré, le fait bien sûr de ne pas être « dépendant » d'un autre ostéopathe, ainsi que de gérer les différents aspect de mon entreprise : comptabilité, gestion, agenda, réseau professionnel… Même si cela prend du temps, surtout au début, j'apprends tous les jours dans ses différents domaines. C'est très enrichissant !
Quel est ton statut exact ?
Je suis auto-entrepreneur.
Comment s’est fait le choix de ce statut plutôt qu’un autre ? Quels en sont les avantages ?
C’était le statut le plus simple à mettre en place, notamment au début de mon activité pour faire des remplacements, c’était le plus rapide, il y avait très peu de contraintes et par la suite les déclarations sont simplifiées.
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Et puis à l’époque je pouvais bénéficier de l’ACCRE, qui offre une exonération de charges sociales pour les entrepreneurs.
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Est-ce que tu envisages une évolution de ce statut ?
Oui parce que mon chiffre d’affaire évolue, à un moment je vais atteindre les plafonds pour ce statut, donc je vais probablement m'orienter vers un régime BNC (ndlr : Bénéfices Non Commerciaux). Le régime BNC permet de déclarer ses frais professionnels ce qui n’est pas possible en auto-entreprise et c’est un inconvénient car cela rend difficile les achats de matériel par exemple.
As-tu fait appel à des prestataires pour t’accompagner dans le lancement de ton entreprise ?
Non, en revanche j’ai été contacté par les pages jaunes et des prestataires pour créer un site internet. Mais j’ai fait appel à un ami pour la mise en place mon site internet sur WordPress et par la suite je me suis débrouillé.
Pour le choix du statut j’avais eu toutes les infos au cours de ma formation et je m’étais renseigné par moi-même. En revanche pour le changement de statut je vais faire appel à un expert comptable parce que je sais que tout ce qui concerne l’administration ce n’est pas mon domaine et on peut facilement faire des erreurs, j’ai envie d’être bien accompagné pour être bien lancé dès le début.
Parlons à présent de communication.
Au lancement de ton activité comment as-tu communiqué, quels outils as-tu utilisé ?
Dans ma profession la publicité n’est pas interdite mais elle est plutôt mal venue entre confrères. L’éthique veut que l’on se rapproche au maximum de ce que font les médecins en terme de communication. On peut communiquer par un site internet ou une page Facebook mais en restant très prudent sur la manière dont on diffuse les informations. Au début j’ai donc fait des cartes de visite, sur Vistaprint.
A ce moment là je n’avais pas de logo, j’en ai créé un mais il est assez basique j’attends d’avoir le budget nécessaire pour faire appel à un prestataire pour le faire évoluer.
J’ai donc transmis mes cartes de visite aux différents professionnels de santé et aux commerçants autours de mon cabinet. Ensuite, très rapidement est venue l’idée du site internet et de la page Facebook.
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Pour moi il était impensable de ne pas être présent sur internet et de ne pas être référencé par Google.
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J’exerce sur une commune très touristique et les personnes qui viennent ici utilisent très facilement les pages jaunes ou Google pour faire leurs recherches. Et puis en début d’installation il faut être visible. J’ai fait le site internet et la page Facebook à peu près simultanément. Le site surtout pour être référencé sur Google puis la page Facebook pour renforcer le référencement du site et partager des actualités avec les patients sur le plan local.
C’est quelque chose qui m’intéresse et je pratique certains logiciels depuis le lycée donc ça ne me dérange pas d’y passer du temps. Je sais que tout l’aspect visuel et site internet sont importants et je pourrais me faire aider pour cela mais c’est un plaisir aussi pour moi de le faire.
Es-tu membre de réseaux professionnels ?
On m’a parlé des CJD, ce n’est pas quelque chose que j’ai développé pour l’instant.
Sur le net j’ai une page Linkedin mais je ne l’actualise pas vraiment, je ne sais pas si dans mon domaine il serait pertinent de passer du temps sur ce réseau.
(ndlr : nous en avons discuté, depuis il est possible que la page Linkedin de Matthias ait été mise à jour, pour en savoir plus, contactez-moi !)
Quelles ont été les retombées suite à ce que tu as mis en place : distribution de cartes de visite, site internet, page facebook… ? Qu’est ce qui a fonctionné ?
Le référencement sur Google. Quand je vois un patient pour la première fois je lui demande comment il a connu le cabinet. Et aujourd’hui je sais que 70% de mes patients viennent par le bouche à oreille, 20% par Google et la page Facebook et dans les 10% restant un minimum via les pages jaunes.
Ce site s’appelle Eccéité, qu’est ce qui pour toi défini ta singularité ?
Par ma formation au STAPS dans le domaine de l’éducation et de la motricité, j’ai beaucoup développé l’aspect pédagogique et c’est quelque chose auquel je suis attaché pour chaque patient. Chaque consultation a plusieurs temps. Le premier temps est celui de la présentation et de l’interrogatoire, je vais récolter différentes informations : administratives, le motif de consultation, les antécédents médicaux etc. , le second temps est consacré à la consultation en elle même avec l'examen clinique et le traitement ostéopathique et à la fin je consacre un temps d’explication et de conseil.
Dans mon cabinet j’ai un squelette en taille réelle, que j’ai prénommé Humphrey, et à chaque fin de consultation avec Humphrey je montre les différentes structures sur lesquelles j'ai travaillé pour que les patients visualisent mieux ce qui se passe dans leur corps : pourquoi ils ont mal, comment ça a pu se mettre en place et je leur montre que parfois, ce n'est pas là où ils ont mal que les blocages se trouvent. A chaque fois je vais m’efforcer de leur montrer ce que l’on a travaillé et pourquoi on l’a travaillé. C’est également important pour que mon approche soit moins nébuleuse pour les patients.
L’ostéopathie est une discipline de plus en plus répandue mais elle peut souffrir de certaines approches un peu floues, donc j’essaie d’expliquer : si j’ai mis mes mains ici c’est pour travailler telle structure, telle chose chez vous….
Je pense que ma singularité vient de là, j’explique ce que je fais de manière pédagogique, parfois même je montre sur mon PC ou sur ma tablette des muscles pour que le patient visualise et comprenne ce qu’il peut faire pour éviter que cela se reproduise. A la fin je m’attache aussi à lui donner des conseils soit de posture, d’alimentation, d’étirement, de sport etc.
C’est vraiment un temps que je ne néglige pas en fin de consultation pour que le patient devienne acteur de sa santé et ne soit pas « passif ».
Aujourd’hui quels sont tes projets ?
Développer mon réseau professionnel, c’est à dire être en contact plus régulièrement avec des professionnels non ostéopathes, susceptibles de me recommander mais surtout avec lesquels travailler en commun. Par exemple les podologues. Je peux être consulté à plusieurs reprises par des patients qui souffrent de douleurs dans le bas du dos et je peux suspecter un problème d’ordre podologique auquel je ne peux répondre seul. Dans ce cas je vais travailler en complémentarité avec un podologue. C’est important pour moi de mieux comprendre le travail de ce professionnel, j’ai certaines connaissances mais le fait d’échanger avec lui me permet de me former en fonction de ses pratiques, de mieux comprendre dans quelles conditions lui envoyer un patient et d’aider le patient à aller mieux. Si mon patient vient me voir six fois dans l’année avec des douleurs dans le bas du dos, que je soupçonne que sa douleur est liée aux pieds et que je ne lui recommande pas une visite chez le podologue ce n’est intéressant pour personne : on va travailler toujours les mêmes structures et la cause n’aura pas été réglée.
Je vais donc profiter de la période des vœux pour prendre contact.
J’ai également pour projet de changer de cabinet, pour avoir un peu plus grand et pourquoi pas avec d’autres professionnels pour travailler en équipe. J’envisagerais volontiers un cabinet avec des médecins, kinésithérapeutes, podologues, sages-femmes, infirmières, pédiatres…
Et puis j’ai en projet permanent de développer mes compétences par le biais de la formation continue. Différents organismes proposent des formations post-graduées en ostéopathie, sur différents thèmes comme la pédiatrie, la grossesse, le sport, la posturologie, la gériatrie… Il y a de nombreux domaines sur lesquels acquérir de nouvelles compétences sans se fermer à tous les autres. Donc en ce moment j’étudie en fonction de ma patientèle ce qui peut être le plus intéressant. Ces formations permettent de progresser et d’être au contact avec les avancées de la recherche.
Mais il y a aussi les ouvrages et les magazines professionnels qui permettent également d'élargir ses compétences.
Au lancement de ton activité, avais-tu ciblé une patientèle ? A-t-elle évolué ?
Ciblée dans le sens ou je suis allé me présenter à des clubs sportifs. Actuellement je suis en partenariat avec un club de basket important sur la communauté de commune car il regroupe plus de 500 adhérents, cela va des patients qui sont poussins jusqu’aux séniors qui évoluent aussi en régional. Comme je mets en avant mes connaissances sportives donc je suis également consulté par de nombreux coureurs à pieds, nageurs, danseurs, rugbyman… adolescents et adultes.
Mais je n’ai pas envie de réduire ma patientèle au domaine du sport et au fur et à mesure elle évolue.
Avant de te lancer, quelles étaient tes appréhensions ?
Que mon agenda soit vide. Dans mon cas c’était une création d’activité, pas une reprise de patientèle.
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Donc il faut faire ses preuves, être patient, être confiant dans ce que l’on fait parce que certaines semaines sont plus calmes, d’autres moins.
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Et puis ce qui n’est pas simple à gérer c’est le fait que les patients viennent te voir quand ils ont mal et puis ensuite plus rien. Tu peux ne pas les revoir pendant plusieurs mois, tu ne sais pas si c’est parce qu’ils sont satisfaits et qu’ils vont bien ou s’ils sont allés consulter un confrère. Quand tu les revois quelques mois plus tard et qu’ils te disent qu’après la consultation ils allaient beaucoup mieux, qu’ils ont même parlé de toi, tu es rassuré, ça fait plaisir, mais cet aspect est un peu délicat.
As-tu rencontré des difficultés dans ton parcours d’indépendant et si oui lesquelles ?
Le fait de se faire connaître sans faire de publicité et d'autant plus que mon cabinet n'est pas sur un axe passant. Surtout qu’il y a peu de prescripteurs dans mon domaine contrairement à un kiné qui est prescrit par un médecin. Un ostéopathe est ce que l’on appelle un « professionnel de première intention » c’est à dire que tu n’es pas obligé de passer par un médecin pour consulter. Cela a des avantages car tu n’est pas tributaire des médecins mais cela a aussi des inconvénients c’est que tu n’es pas tributaire des médecins (rires). C’est aussi pour cela que les études sont assez longues en ostéopathie, on étudie les pathologies comme la cardiologie, la pneumologie, l’urologie, etc. et notamment les urgences vitales pour savoir lorsqu’un patient vient nous voir avec tel ou tel symptôme si c’est de notre ressort ou si il faut l’orienter vers le médecin adapté ou encore, si c’est une urgence vitale, vers le samu.
Donc sans publicité et sans prescription il faut faire ses preuves. C’est le bouche à oreille qui fonctionne le mieux.
J’essaie également de développer un espace blog sur mon site internet et de l’alimenter avec des articles pour apporter du contenu et des réponses aux questions des patients et aussi par rapport à ce que je peux voir en consultation.
D'ailleurs sur le site, sur la page du blog, les patients et visiteurs peuvent suggérer des idées pour les prochains articles afin que les sujets traités soient ceux qui les intéressent ou dont ils ont besoin.
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Les difficultés que je redoute un peu plus, dans l’aspect entreprise, c’est quand je vais changer de statut.
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Les relations avec le RSI pour l’instant sont une légende pour moi mais j’entends beaucoup de confrères qui ont des problèmes donc c’est aussi pour cela que je vais me faire accompagner.
Y-a-t-il quelque chose qui t’impressionnait, te semblait difficile et qui finalement s’est révélé accessible, simple ?
Le choix du statut d’auto-entrepreneur. C’était pour moi la plongée dans un univers inconnu et comme je me méfie de tout ce qui est administratif je préfère être prudent. Finalement l’inscription s’est faite assez rapidement et sans encombres, c’était une agréable surprise, comme un sésame qui te permet de te lancer.
Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui souhaite se lancer ?
J'en aurais plein mais de manière générale : définir des objectifs et ne pas les perdre de vue !
Même si c’est une aventure qui peut parfois être difficile parce que certes, tu es ton propre patron, tu gères ton emploi du temps comme tu veux, tu n’as de comptes à rendre à personne mais par contre tu as différentes casquettes : la comptabilité, la communication, ton travail en soi, etc. Cela peut paraître impressionnant au début mais c’est une bonne chose de se lancer, d’apprendre et de se former tout le temps. Moi je me forme en permanence, il y a toujours des choses à apprendre que ce soit dans mon domaine d’ostéo ou dans les domaines annexes de compta, de gestion, de planning, etc.
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Après il ne faut pas hésiter à être bien accompagné, il faut savoir reconnaître que l’on a des limites, que l’on ne peut pas tout faire et que parfois on a besoin d’un coup de main pour continuer à avancer.
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